D'où viennent les 300 milliards de francs?
La conversion de l'argent scriptural des banques en argent réel de la BNS se produira à un certain jour de référence. Les banques remettront les créances-clients exigibles (remboursement en espèces) à la BNS, car celle-ci sera désormais la créatrice de cette monnaie scripturale surgie du néant. La conversion comprendra l'ensemble de l'argent scriptural des comptes privés et courants des banques. Pour les clients, rien ne changera, et les banques auront simplement un nouveau créancier. Alors les banques auront moins de créances-clients, mais le même montant de créances à l'égard de la BNS. Ces créances à l'égard de la BNS devront être remboursées par les banques pas à pas, pendant une période raisonnable de 10 à 20 ans. Elles pourront faire cela par les remboursements de leurs clients ou par les nouveaux dépôts d'épargne. Quand l'argent est créé par du crédit, il disparaît lors du remboursement de ce crédit. Si donc les banques remboursent les créances à l'égard de la BNS, cet argent sera retiré du circuit économique, où il manquera. Ce manque devra être comblé. C'est pour cela que la BNS distribuera la même quantité d'argent en nouvelle monnaie pleine sans dette à l'Etat ou aux citoyennes et citoyens, de manière à conserver une masse monétaire stable. L'argent sans dette ainsi créé restera stable (ne disparaîtra pas), puisqu'il n'y aura pas de dette à rembourser. Ce processus se répètera en boucle encore et encore, car l'argent créé sans dette reviendra en grande partie aux banques, par le biais de remboursements de dettes de l'Etat ou d'épargnes. Ainsi les banques pourront régler d'autres créances à l'égard de la BNS. Et ainsi, peu à peu, l'argent créé par le crédit sera remplacé par de l'argent créé sans dette.
Les 300 milliards de francs ne seront donc pas le produit d'une augmentation de la masse monétaire, mais exclusivement le produit de la conversion de l'argent-crédit en argent-sans-dette.
Au lieu de créer de l'argent et de le prêter ensuite aux banques, nous l'utiliserons nous-mêmes. Le résultat est facile à comprendre: lorsque je fais de la confiture, que je mets dans des bocaux, et que je prête ceux-ci, je n'ai plus rien pour le petit déjeuner.
Un bénéfice sans que personne ne subisse de perte
Certains ne peuvent pas se représenter les recettes supplémentaires dues à la monnaie pleine, parce qu'ils pensent que quelqu'un doit faire des pertes correspondantes. Ils veulent savoir à qui cet argent est enlevé. Voilà la réponse: à personne; personne ne s'appauvrira ! Il n'y aura pas d'augmentation des impôts, pas de plan d'austérité ou d'expropriation, pas de conflits sociaux ni de combats de répartition. Il n'y aura pas non plus d'inflation, car la masse monétaire restera la même, puisqu'il ne s'agira que d'une conversion légale de l'argent existant. Cela est quand même impressionnant !
Cela s'explique ainsi: tant que l'argent n'est mis en circulation que par des crédits, comme actuellement, il n'existe, au niveau de la société, que des fortunes en objets, mais pas de fortune en argent, car tous les dépôts d'argent sont contrebalancés par des dettes; les deux choses se neutralisent. Lorsqu'on rembourse des dettes, la fortune diminue. S'il n'y avait plus du tout de dettes, il n'y aurait plus d'argent. C'est bizarre.
Si l'argent n'est pas créé par le crédit, mais s'il est mis en circulation sans dette, il existe en tant que valeur positive et durable. Lorsque la BNS aura, de manière échelonnées, attribué 300 milliards sans dette, sur la base de la conversion de la monnaie scripturale, il y aura une fortune sociale en argent s'élevant à 300 milliards de francs. Cette croissance de la fortune sociale globale en argent est la contrepartie des 300 milliards de recettes supplémentaires pour la Confédération, les cantons et les citoyennes et citoyens.
Création monétaire avec légitimité démocratique
En général, pour recevoir de l'argent, il faut conclure des affaires ou fournir des prestations. Pourtant lors de la création monétaire, ce n'est pas le cas. Lorsqu'une banque ou la BNS écrit dans ses comptes une nouvelle somme d'un million, un million est créé. Ce nouvel argent est une condition à des actions économiques, et non le résultat de celles-ci.
Comme l'argent est créé si facilement, celui-ci peut être utilisé abusivement, et ceci mène toujours à des crises financières. C'est pourquoi la création monétaire sera interdite aux banques par la réforme 'Monnaie pleine'. Seule la Banque nationale sera autorisée à faire usage de ce droit particulier «dans l'intérêt commun du pays» (article 99 de la Constitution). La masse monétaire sera déterminée par la BNS uniquement selon des critères de politique monétaire et sur la base de son mandat légal. La BNS doit, selon l'article 5 de la loi sur la Banque nationale, garantir la stabilité des prix, ce qui exclut un financement de l'Etat, lequel est de plus explicitement interdit par l'article 11. Les partis et le gouvernement n'auront donc aucune influence sur la BNS; celle-ci est indépendante, et elle n'est tenue que par la loi, tout comme le Tribunal fédéral. Les paiements, libres de dettes, d'argent nouveau correspondront aux distributions actuelles de bénéfices de la BNS aux cantons et à la Confédération.